Le Chantier : portrait d’artiste
Eliza Olkinitskaya

Depuis près de six mois, neuf artistes dont les démarches se déploient autour des pratiques de l’imprimé et du photographique effectuent des résidences de recherche-création à L’imprimerie dans le cadre du Chantier de recherche sur l’image imprimée et photographique. En bénéficiant des ressources du centre, ils développent des projets personnels tout en participant aux réflexions et explorations du groupe.

En plus du travail en atelier, ces neuf créateurs proposent au public le fruit de leurs expérimentations à la maison de la culture Maisonneuve, jusqu’au 28 novembre prochain. Pendant la durée de l’exposition, nous vous faisons découvrir les projets de chacun des artistes participants.

Eliza Olkinitskaya

Pendant sa résidence de création dans le cadre du Chantier de recherche sur l’image imprimée et photographique, l’artiste Eliza Olkinitskaya a mené de front deux recherches connexes qui, bien que de factures fort distinctes, se rejoignent par leur temporalité lente et leur matérialité inhérente.

Les encres oubliées

L’artiste a d’abord développé un projet purement expérimental, régi par son quotidien à l’atelier. En triant de vieux pots d’encre lithographique qu’elle a ouverts un à un, elle y a découvert des substances de consistances diverses, à la fois en dormance et en effervescence.

Viscosité, dégradation, densité des pigments ; ces surfaces envoûtantes ont été numérisées, puis imprimées par Eliza. D’apparence à la fois énigmatique et inéluctablement matérielle, ces impressions nous ramènent à la source de l’art imprimé analogique.

Les lieux analogiques

Parallèlement, l’artiste a mené des recherches dans le but de trouver un point de rencontre entre l’image imprimée et l’image animée, par le biais de dispositifs analogiques. En créant des folioscopes (ou flipbooks), Eliza a construit des images en mouvement provenant de ses balades à Montréal, Moscou et Málaga. Elle a consacré de nombreuses heures à observer, dessiner et photographier des lieux qui témoignent d’un “changement de vitesse” dans la façon d’interagir avec la ville : ces endroits n’ont pas de visées commerciales, et leur existence repose sur la bonne volonté, le temps et les soins des citoyens. C’est ainsi que les pigeonniers moscovites et les toits espagnoles se sont déployés en trois flipbooks imprimés en lithographie. Marqués par une temporalité lente et un rituel de création faits de gestes répétés, les livres ainsi fabriqués offrent à voir des lieux bricolés et hors du temps.

Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien pour ce projet.

© L’imprimerie, centre d’artistes, 2024